Des Rendez-vous aux Jardins riches et inspirants à la maison Jean Monnet

Voici quelques retours sur les « Rendez-vous aux jardins » des 8 et 9 juin derniers à la Maison-musée Jean Monnet.

Même si le week-end prolongé, les multiples sollicitations printanières et le temps incertain ont manifestement freiné les sorties du public francilien, même chez nos amis paradésiens, nous avons encore bénéficié d’un exceptionnel accueil, qualité de rencontres et d’échanges du côté de la Maison Monnet, pour cette 17ème édition des Rendez-vous aux jardins, organisés par le Ministère de la Culture français.

Une édition qui était résolument européenne – La 2ème édition à l’échelle du continent, réunissant cette année 20 pays participants – (dans le sillage des fameuses « Journées européennes du Patrimoine ») où plus de 2 millions d’européens se sont pressés pour découvrir, ou redécouvrir l’infinie variété et richesse du patrimoine européen des jardins, désormais clairement identifié comme composante essentielle de l’Europe culturelle, au même titre que les monuments ou les musées.

Cette importance du jardin dans « l’ADN culturel européen », qui s’affirme de plus en plus ces derniers temps à tous les niveaux, ne peut que réjouir notre collectif Paradeisos, et le conforter dans son action évidemment.

Nos activités et propositions, toujours en étroite relation avec les équipes de la Maison Monnet, étaient cette année d’échanger et de donner à réfléchir sur le rôle singulier du « jardin/paysage » comme lieu d’inspiration d’une prégnante « vision européenne ». Cela bien sûr à partir de l’exemple de Jean Monnet dans son havre champêtre de Bazoches, mais aussi à partir d’une longue et riche tradition européenne – politique, culturelle et humaniste – qui remonte en réalité à la plus haute Antiquité.

Ainsi Debora Righetti, de l’équipe de la Maison Monnet, a rappelé à quel point cette relation au jardin, à la marche dans la nature, et à cette forme très personnelle « d’immersion paysagère », était présente dans la vie quotidienne de Jean Monnet, tel le « décor naturel de ma pensée« , comme il l’avoue lui-même dans ses mémoires, ajoutant même plus loin :

Là est ma forme de poésie.

Cognac et son activité viticole imprégnée par la passion exigeante de la qualité ; le Rock Creek Park à Washington et les longues marches matinales vouées à la réflexion ; le travail inlassable entouré de collaborateurs fidèles dans les bureaux de Paris et Luxembourg ; le calme du havre de paix dont il s’entoure de ses 57 ans jusqu’à sa mort dans le hameau d’Houjarray… Autant des paysages qui ont fait figure de cadre naturel aux chemins de la pensée du Père Fondateur et qui ont témoigné des premiers pas menant à la construction de l’Europe unie.

Lieux de retraite et de réflexion ou de réception et d’échanges, ces paysages ont accueilli et inspiré la naissance d’idées à l’origine du projet européen.

Inspirateur et innovateur, Jean Monnet – en s’insérant dans la lignée de la clairvoyante vision des Pères Fondateurs – a su questionner le système en place et impulser un changement crucial dans l’histoire des relations diplomatiques : le dépassement des intérêts égoïstes nationaux au profit de l’action collective afin de poursuivre l’intérêt commun.

Eryck, Debora et Sylvain

Eryck de Rubercy, grand spécialiste des jardins paysagers allemands, et membre d’honneur de notre association, nous a ensuite gratifié d’une magnifique intervention, tellement riche et stimulante, sur la vision européenne fondatrice de Goethe dans le domaine allemand, à travers  l’expression de son jardin/paysage d’élection, du coté de Weimar en Allemagne. Le questionnement goethéen visionnaire, à la fois philosophique, humaniste et botanique, évoquant une profonde homologie entre l’histoire des plantes et l’histoire humaine, a fortement marqué les esprits, en rapport à l’actualité des dernières grandes découvertes des sciences du vivant (Pour une autres Newsletter Paradeisos à venir… patience… ; ).

Parc Goethe – Weimar

De telles inspirations d’un des plus grands penseurs, poètes et homme politique de l’histoire européenne, ne pouvait que transcender nos échanges.

Sylvain Hilaire a ensuite rappelé à quel point l’occurrence du jardin et de la relation paysagère est présente chez les « Pères fondateurs de l’Europe », en diverses interprétations, lieux et tonalités culturelles, se retrouvant bien sûr chez Jean Monnet, mais aussi chez Konrad Adenauer, Robert Schumann, Alcide de Gasperi, ou encore Winston Churchill.

Konrad Adenauer a en particulier des phrases très évocatrices sur le sujet, dans son jardin de Rhöndorf, près de Bonn, sur les bords du Rhin :

Depuis ma jeunesse, je me sens étroitement lié à la nature, aux jardins et ainsi également au travail des jardiniers. Et par mon expérience, je dois toujours donner raison à ceux qui parlent des jardins comme de lieux de renouveau

On ne pouvait rêver meilleure introduction pour présenter ensuite « l’initiative Paradeisos », cette expérience de création collective d’un « Jardin citoyen européen » sur le site de la Maison Monnet, et son « Parlement des plantes européennes », où tous nos amis paradésiens, de près ou de loin, ainsi que tous nos partenaires associés, ont pu apporter leur contribution. Un jardin qui a « trouvé sa place » naturellement dans ce paysage patrimonial simple et intimiste de la Maison Monnet, comme s’il avait toujours été présent… une réussite assurément, qui attire toujours plus l’attention des publics, et qui évolue de belle manière… cela nous pouvons, encore une fois, en être heureux et fier collectivement.

Le jardin Jean Monnet en fleurs

La promenade culturelle et botanique de l’après midi, menée par nos amis Elena Secondo, Irina Koenen et Florian Charlemaine, était sous le signe de la découverte, de la convivialité et de la bonne humeur, en suivant les pas de Jean Monnet, à travers les chemins creux, les bois, ruisseaux, lisières et prairies fleuries de cette jolie vallée de La Guyonne.

« Le charme d’Adam c’est d’être à poil » ou : Comment différencier un Charme d’un Hêtre
Traversée de la Guyonne

Le lendemain, dimanche 9 juin, ce sont Marion Crochart et Michel Cazenove qui ont pris le relais, pour évoquer, lors de conférences richement documentées et illustrées, les Antiques cultures européennes autour des plantes et des jardins, en particulier dans le monde latin, aux fondations de bon nombre de nos fonctions utilitaires, esthétiques et représentations modernes.

Hortus Romanus
Il répandit une odeur d’ambroisie dont l’Olympe fut parfumé…

Après cette série d’interventions de belle qualité, a été évoqué avec la direction de la Maison Monnet, de pouvoir mettre à disposition plus largement les contenus de ces conférences, discussions et échanges associés, qui devraient prochainement pouvoir être restitués sous formes d’actes synthétiques, relayés en ligne dans leurs réseaux. Nous vous tiendrons naturellement informés de l’avancée de ce nouveau projet, pour ceux qui voudraient se plonger dans ce sujet du jardin comme lieu inspirateur/incubateur d’une certaine « vision européenne » sur la longue durée.

Car repenser l’Europe « par la porte du jardin »… même si cela nous vient paradoxalement de très loin – d’une histoire millénaire trop peu connue et partagée – semble toujours ouvrir sur des perspectives prometteuses, à une époque si incertaine, où semblent converger nombre d’enjeux du monde contemporain… en attendant donc les prochaines occasions d’en reparler et d’explorer plus loin ce sujet passionnant !

Avec encore tous nos plus chaleureux remerciements, au nom du collectif Paradeisos, à tous nos contributrices et contributeurs, pour la qualité de leurs apports pour ces journées, ainsi qu’à toute l’équipe de la Maison Monnet, pour leur accueil toujours plus amical et bienveillant, et pour toutes ces belles occasions d’échanges et de collaborations. Au prochain Rdv donc…


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