Pairi Deaza ou la genèse du jardin indo-européen

Les jardins persans font référence à une tradition et à un style de conception de jardins qui a ses origines en Perse (actuellement Iran). Traditionnellement, de tels jardins étaient clos.

Le mot persan (en langue avestique) pour « espace fermé » était pairi-daeza qui s’est transmis dans la mythologie judéo-chrétienne sous le nom de paradis (paradeisos en grec), ou de jardin d’Éden.

Jardin de palais, Hyderabad (gouache, vers 1750, Paris, fondation Custodia)

Son rôle était, et est toujours, de procurer le repos sous plusieurs formes : spirituelle et récréative, en fait, c’est essentiellement un paradis sur terre. La façon selon laquelle le jardin est construit peut être très formelle (l’accent est mis sur la structure) ou plus informelle (l’accent est mis sur les plantes) et respecte quelques règles simples de conception – afin de maximiser, en termes de fonction et d’émotion, ce qui peut être fait dans le jardin. Le concept original qui remonte aux temps de Cyrus le Grand, au VIe siècle av. J.-C. Toujours divisé en quatre secteurs et accordant à l’eau un rôle central (tant pour l’irrigation que pour l’esthétique), le jardin persan a été conçu pour symboliser l’Eden et les quatre éléments zoroastriens : le ciel, la terre, l’eau et les végétaux.  Ils ont influencé l’art du jardin paysager jusqu’en Inde et en Espagne.

Tapis persan représentant un chahar bagh, XVIIe – XVIIIe siècles

Le dessin parfait du jardin persan, ainsi que sa capacité à répondre à des conditions climatiques extrêmes, est le résultat original d’une application inspirée et intelligente du savoir de différents domaines de connaissance, notamment la gestion et l’ingénierie de l’eau, l’architecture, la botanique et l’agriculture. La notion de jardin persan imprègne la vie persane et ses expressions artistiques : on trouve des références au jardin dans la littérature, la poésie, la musique, la calligraphie et la fabrication de tapis. Ceux-ci ont influencé en retour la disposition des jardins. Les attributs porteurs de la valeur universelle exceptionnelle sont la disposition du jardin, exprimée par l’adaptation spécifique du Chahar Bagh dans chaque composant et articulée dans les kharts ou parterres de plantes/fleurs, les systèmes d’approvisionnement, de gestion et de circulation de l’eau de la source au jardin, avec tous les éléments technologiques et décoratifs qui permettent l’utilisation de l’eau pour satisfaire à des exigences fonctionnelles et esthétiques, l’organisation des arbres et des plantes dans le jardin, qui contribue à sa caractérisation et à son microclimat particulier, les éléments architecturaux, y compris les édifices mais pas seulement, qui incluent l’utilisation du terrain et de la végétation pour créer des environnements artificiels uniques.

Style

Le jardin persan représente un chef-d’œuvre du génie créateur humain. Le dessin du jardin persan, fondé sur l’angle droit et les proportions géométriques, est souvent divisé en quatre sections connues sous le nom de Chahar Bagh (Quatre Jardins). La création du jardin persan a été rendue possible par des solutions d’ingénierie innovantes et intelligentes et par un système de gestion de l’eau sophistiqué, mais aussi par le choix approprié de la flore et de sa localisation dans l’organisation du jardin. D’ailleurs, le jardin persan a été associé avec l’idée du paradis sur terre, offrant un contraste saisissant avec son environnement désertique.

Les styles primaires de jardin persan les remet en perspective de leur fonction. Les jardins ne sont pas limités à un style particulier, mais les intègrent souvent ou possèdent des parties possédant leurs propres styles et fonctions, classique, formel, informel, public ou privée.

Hayat

Publiquement, c’est un style persan classique avec un fort accent sur l’esthétique par rapport à sa fonction. Les structures faites de main d’homme dans le jardin sont particulièrement importantes – avec des arches et des bassins (qui peuvent être utilisés pour le nettoyage). Le sol est souvent couvert de gravier ou d’une autre substance dérivée de la pierre. Les plantations sont d’ordinaire très simples – des arbres en lignes, qui ont aussi une fonction d’ombrage.

Dans la version privée, ces jardins sont souvent centrés autour d’un bassin et là encore très structurés. Le bassin sert de point d’attention mais sert aussi à humidifier l’atmosphère ambiante. Là encore, il y a peu de plantes – cela est souvent dû aux limitations quant à la quantité d’eau disponible en zone urbaine.

Meydan

Meydan est un jardin public de type square, formel, où l’accent est davantage mis sur les éléments naturels que dans le hayat et où l’importance de la structure est minimisée. Les plantations consistent en arbres, buissons, herbes et parterres de plantes. Ici encore, des éléments comme le bassin et les allées de gravier divisent la pelouse. Quand les structures existent, elles ont souvent une fonction d’ombrage comme un pavillon.

Cahar Bagh

Ces jardins sont privés et formels – leur structure de base consiste en quatre coins divisés. Ceux-ci sont généralement séparés par des canaux ou des allées. Traditionnellement, de tels jardins étaient utilisés dans des fonctions liées aux occupations de l’élite fortunée. Ces jardins présentent des structures équilibrées avec de la verdure – les plantes sont souvent situées autour de la structure du bassin et des allées.

Parc

Comme de nombreux autres parcs, le parc persan sert une fonction publique et informelle mettant l’accent sur la vie végétale. Ils fournissent des allées et des endroits où s’asseoir, mais sont limités en termes d’éléments structurels. Le but de ces lieux est la détente et la socialisation.

Bagh

Comme l’autre jardin informel, le parc, le « Bagh » (ce qui signifie jardin en persan) met l’accent sur l’aspect vert et naturel du jardin. Contrairement au parc, le bagh est souvent un espace privé accolé aux maisons et consiste en pelouse, arbres et plantes basses. Les voies d’eau et les allées sont moins importantes que dans les autres jardins plus formels et sont très largement fonctionnelles. La fonction première de tels espaces est la détente en famille.

Conclusion

Dans l’Avesta, l’ancien livre sacré des zoroastriens, le jardin persan et ses plantes sacrées sont loués comme l’un des quatre des éléments naturels (la terre, le ciel, l’eau et les plantes). Le Chahar Bagh est un reflet de la perception mythique de la nature et de l’ordre cosmique aux yeux des anciens peuples iraniens.

Le Taj Mahal est l’un des plus grands jardins perses du monde.

Le jardin persan est un exemple exceptionnel d’un type de jardin paysager réalisé en utilisant des éléments naturels et humains et en intégrant des réalisations significatives de la culture persane dans une expression physique et symbolique-artistique en harmonie avec la nature. Le jardin persan est d’ailleurs devenu un prototype pour l’organisation géométrique des jardins qui s’est diffusée dans le monde entier.

Sources : UNESCO, Wikipedia.


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